MARY ANN MCCALL: UN VRAI DRIVE

Mary Ann McCall chante avec cette même fougue filant doux sous le même swing irréprochable et lancinant, sinueux, poursuite inspirée de l’axiome lestérien qui fût celle d’Al Cohn, ténor superlatif auquel elle fût brièvement mariée.

Chanteuse pour musicien donc, et qui fit les beaux jours des orchestres de Charlie Ventura, de Dorsey ou de Woody Hermann.

Les pieds dans le blues et jusqu’au ventre, elle avait une manière bien à elle de décliner sans déclamer, ne forçant jamais le trait quand le trait était fort et se laissant porter par les mots avec une exquise distinction, prenant avec la distance de l’attitude dans l’altitude, science de l’ironie qui fait passer au dessus des choses pour mieux en souligner ce qui, étrange et vain, compte les secondes laborieuses de leur brève existence.

De l’ironie comme chez Billie Holliday, à savoir rien que l’écume des mots et une sensibilité entre chien et loup qui lui fait éclairer les paroles, les mots dits avec la musique sous ce demi- jour où l’esprit joue et danse – ne dansa-t-elle aussi pour Buddy Morrow dans les années trente ? - si bien avec le cœur.

Clarté de la diction et, chose rare avec les voix, un vrai drive dans cette belle version de Detour Ahead.