BOULVERSANTE AGNETA BAUMANN

L’émotion, c’est un peu comme la neige : tout d’un coup, elle recouvre tout et, comme Charles, mort ou vif, vous ne reconnaissez plus rien. Les toits de la ville dorment comme des tombes en février et vous êtes assis dans la pénombre pour laisser venir la lumière de l’hiver manger tout près de vous, comme un oiseau de famine, brûler ce qui reste de vos illusions dans le cadre des fenêtres.

Simple et poignante chute de neige, alors, que la voix diaphane, aimante et rompue d’humanité d’Agneta Baumann, accompagnée comme on ne le fait plus par un trio composé du généreux trompettiste Bosse Broberg – qui fait ici des merveilles avec le bassiste - du pianiste Gösta Rundqvist et de Palle Danielsson à la contrebasse.

Cette chanteuse dont j’ignorais l’existence jusqu’à ce qu’on me colle un de ses disques dans les mains il y a deux heures m’a retourné,retourné et retourné le cœur au fur et à mesure que j’écoutais les standards chantés comme une suite ininterrompue de vieilles connaissances dont les silhouettes se découperaient, une dernière fois, sur l’or exsangue d’un limpide crépuscule.

Un très grand album qu’Agneta Baumann - Sentimental Lady gravé en 2001 pour le label TOUCHE MUSIC.



Je confesse que je n’ai pas souvent les larmes aux yeux, mais cette sublime version de What Are You Doing The Rest Of Your Life vient d’avoir raison de ma - damnée - réserve.