DOMINIQUE EADE

Dominique Eade chante cool. Pas de la même manière que June Christy ou Chris Connor il y a 60 ans, mais avec le même détachement, la même force, la même simplicité, sans exprimer d'ironie superflue mais avec la petite musique et le ton particulier du désabusement quand ce dernier a déjà commencé discrètement son travail de sape. Ce commencement fait la paille noire de l'oiseau de sombre augure que la chanteuse suspend d'une main assurée au dessus de la vie. Le talent de cette ravissante blonde bergmanienne gagne, avec le temps, comme la mer opiniâtre du sommeil, en distance et en profondeur - My Resistance is Low chante-t-elle dans un album du même nom datant de 1993 et dont la pochette laisse très justement rêveur.



Mais c'est plutôt When the Wind Was Cool, enregistré en 1997 qui nous semble le mieux rendre justice à la météorologie particulière de la voix de la chanteuse. Cet album est remarquablement arrangé par Dominique Eade elle-même, mais aussi Phillip Johnston, Fred Hersch and Allan Chase. Vous écouterez ci-dessous une version de Something Cool, qui commence et -surtout! - finit de manière assez inhabituelle rend un assez bel hommage à une autre, inoubliable, gravée le 14 août 1953 par June Christy avec une formation de haute volée réunie par Pete Rugolo.

L'album, lui, finit avec élégance par le pénultième Goodbye de Gordon Jenkins.
SOMETHING COOL