Nombre de messages : 1955 Localisation : Paris Date d'inscription : 23/06/2007
Sujet: SUSANNAH MCCORKLE, LA FIEVRE AU BORD DU VIDE Ven 18 Jan - 21:31
La dépression ne relâche jamais son étreinte et serre de plus en plus fort, de plus en plus loin, de plus en plus chienne avec les pilules et les mensonges avalés tous les matins, vomis tous les soirs, la tête dans le vide du quand-pourrais-je par la fenêtre, sous des nuits que l’on ne regarde même plus tant elles nous emballent, comme le papier du boucher emballe la viande encore tiède du chant du couteau. Mais que sont devenus pourtant la peau, le parfum de la peau, le feu du couchant dans les cheveux et l'eau vive des yeux, le babil et le gracile, le jubile, le facile?
Et le quand du pourrais-je devient une prière et le pourrais-je une litanie. Les médicaments, la fenêtre, la table, le ciel, les nuages, la table, les médicaments, le verre, le couloir, l’eau toujours froide même quand elle est chaude, l’hiver toujours en été et l’herbe qui n’est plus jamais verte, la rue, l’ennui, la peur et cette extraordinaire solitude qui ouvre sous chaque pas un trou avide et fait, dans chaque son, chaque éclat de lumière mort-né, danser la mort. Les nuages là-haut-là-dessous. La maladie, la ville, l’ordure, la mort écrivait Fassbinder.
Susannah Mc Corkle, sans médicaments, sans engagement depuis quelques jours et qui ressemble étrangement à la Rosemary de Roman Polanski, avec son visage si pâle, ses cheveux blonds et courts, ses grands yeux ouverts sur le vide du 19 mai 2001 au dessus de la 86ème rue, écrit le nom de sa sœur sur un morceau de papier qu’elle fourre dans la poche de son imperméable, enjambe le balcon et saute. Les nuages, le ciel, la rue. Combien dure la chute, combien durent ces très brèves retrouvailles avec les choses depuis trop longtemps recouvertes par une lente montagne de neige sans tain? Combien durent le regain et l'étreinte suprême, exorbitante, de l’éphémère?
Susannah Mc Corkle, toujours plus belle dans sa dérive et qui ne trichait jamais, en-chante, insolente, My Foolish Heart au bord du vide déjà dans cette intense, fervente, brûlante version du standard gravée en 1991, faisant monter la température en flèche puis donnant tout, jusqu'au dernier souffle de la fièvre, avec un Howard Alden littéralement en transe. Immense.
A tous les enfants terribles de la vie.
My Foolish Heart
Johnnie Veuve Clicquot-Ponsardin
Nombre de messages : 1098 Age : 74 Date d'inscription : 30/06/2007
Sujet: Re: SUSANNAH MCCORKLE, LA FIEVRE AU BORD DU VIDE Sam 19 Jan - 17:20
On devrait te tirer les oreilles pour avoir troublé par un traitement informatique ce regard limpide et débordant de charme de Susannah Mc Corkle. Mais tu es pardonné pour avoir mis en ligne cette non moins belle version de My Foolish Heart que je ne connaissais pas. Cela dit, quel destin tragique que celui de cette artiste talentueuse. Ce monde musical est, de tout temps, un vraie machine à broyer qui ne supporte pas la moindre faiblesse. La liste des victimes est terriblement longue...
Bannister Dom Perignon
Nombre de messages : 1955 Localisation : Paris Date d'inscription : 23/06/2007
Sujet: Re: SUSANNAH MCCORKLE, LA FIEVRE AU BORD DU VIDE Mer 14 Mai - 16:02
Un joli montage de sa voix sur un patchwork louise Brooks. This Time The Dream's On Me/Dream
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: SUSANNAH MCCORKLE, LA FIEVRE AU BORD DU VIDE
SUSANNAH MCCORKLE, LA FIEVRE AU BORD DU VIDE
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum