TIZIANA SIMONA. YESTERDAY WE\'LL BE AGAIN

Comme en cavale la voix se projette, commençant et finissant aussitôt, souveraine promesse tenue dans l’inertie et la chaleur des arbres courts, des branches lourdes et âpres livrées mures, sévères accomplies, jetée dans la mêlée des ondées torrentielles, à la frontière du soir, par monts et par vaux. S'en aller, le monde est encore neuf.

L’ingénuité demeure, monte la sève. Villes reconnues au loin de l’obstination, le cœur dans le volant. Et ce parfum inouï du plastique des sièges qui sent toujours autant 25 ans après : c’est la pluie, c’est l’humidité, la sédition du temps à l'envers des vacances, le sable enfoui.

Ce soleil noir de poussière mouillée tourne comme un chien sans maître autour des heures oubliées. Ah, le souvenir incomplet des amants qui se réveille au pare-brise comme autrefois dans le reflet des vitrines où l'on sacrifiait l'électroménager d'un pas engourdi par l'hiver et le dimanche après-midi.

Quand elle s'arrête pour manger, fumer, pleurer, rire, bailler, dormir, se lever, rouler encore, ses jambes aux courbes adorables chantent contre la viorne et l’angélique qui rongent le béton des stations-service. Le bitume sent fort, la terre salie est pleine d'essence et quelque chose brûle dans un jardin, plus loin, dans le monde pas concerné du dessous de l'autoroute. Elle voyage léger. Elle voyage pour rien, dans la rupture du jour, là où s’ouvrent des routes plus grandes encore, des abîmes de pluie, le ciel sous terre, le sang, dessus, dessous. Yesterday We’ll Be Again dit la chanson.

La Chanteuse italienne Tiziana Simona mise pas mal et au bon endroit dans ce Fling!, gravé en compagnie d’Enrico Rava (tp, flh) Giulio Visibelli (fl, afl) Steve Lacy (ss) Mal Waldron (p) ce 12 septembre de 1988.