RITA REYS

Rita Reys, jolie Batave, fit longtemps swinger les très occupés cabarets de Rotterdam en 1943 avec les Hawaian Minstrels - de la musique hawaïenne au bord de la mer du nord! -puis le Piet Van Dyk Orchestra avant de rencontrer le Batteur et coureur de femmes Wessel Ilcken qui, fatigué par les restrictions gaudriolesques dues à l‘action des accapareurs germaniques d’alors, se résolu à passer à cette chanteuse bien balancée, la bague au doigt. Mais à part courir la gueuse, Ilcken, qui en avait eu ras les baguettes de jouer dixie, avait créé en Hollande la première formation de » jazz moderne ». Il y fit donc chanter sa jeune épouse qui y cassa la baraque en reprenant les grands standards de la swing era qui réussissaient, le jazz est une musique irrésistible, à passer au dessus des polders vert-de-grisés.

En 1945, la belle Rita, rodée depuis 2 ans dans les soirées embusquées – faut bien se roder - était fine prête pour accueillir les troupes de libération. Ce qu’elle fit, quittant bientôt son pays pour la Suède et son Dear Old Stockolm dont chacun sait qu’il fut dans les années de l’immédiate après-guerre un extraordinaire creuset jazzistique et bopesque pour les musiciens européens.

C’est là que le producteur américain George Avakian la remarqua en 1956 et l’invita, avec son Jules, à graver des galettes pur beurre – fini les tickets de rationnement – aux Etats-Unis.

Revenue temporairement en Europe avec une gamine accrochée à ses jupes après 1958 , elle se remaria avec l’excellent Pim Jacobs qui était le pianiste du combo de feu Ilcken, décédé soudainement en 1958, et grava avec un nouveau trio inspiré de celui de Nat Cole l’impeccable album Mariage in Modern Jazz .

Ecoutons donc, tout en vidant un verre de scotch à peine frappé et en caressant du bout des doigts la cime odorante d'une petite montagne d'olives, ce Summertime smoky, nonchalant et porté par une remarquable mécanique de swing.